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CICPA 36

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CitoyenNEs de l'Indre Contre le Projet de l'Ayraultport / Contact : cicpa36@riseup.net


L’Europe ? Elle est à Rosia Montana… contre les grands projets inutiles (reporTerre, le 10.05.14)

Publié par CICPA36 sur 12 Mai 2014, 07:12am

Catégories : #presse divers

L’Europe ? Elle est à Rosia Montana… contre les grands projets inutiles (reporTerre, le 10.05.14)

Le 4ème Forum européen contre les Grands Projets Inutiles et Imposés se tient en Roumanie, à Rosia Montana. Là, un projet de mine d’or suscite une vive résistance. Seul média présent sur place, Reporterre raconte l’événement où vit la vraie Europe, celle des citoyens.

Rosia Montana (Roumanie), reportage

L’air est frais mais sent bon les bouses de vache qui ornent le petit chemin escarpé. Celui-ci serpente dans la colline et offre, à huit cent mètres d’altitude, un joli panorama sur la vallée verdoyante. Bienvenue dans les Monts Apuseni. Au bout du sentier qui porte encore les stigmates d’un climat capricieux, un enclos annonce la propriété d’Eugen David. La casquette vissée au-dessus d’un sourire franc, l’agriculteur élève ici huit vaches et quelques cochons, au milieu des poules qui errent librement. Il vend un peu de lait et de fromage, mais le potager qu’il cultive à côté subvient largement aux besoins de sa femme et de sa fille. Il semble serein : « Je suis un homme libre », répond-il en roumain, le pouce en l’air. L’homme ne parle pas anglais, et une jeune interprète nous explique qu’il est connu au pays. Président de l’association Alburnus Maior – le nom latin de Rosia Montana –, il défend les habitants de ce village historique appelé à destruction par un projet de mine d’or.

A l’automne dernier, le village avait fait l’actualité mondiale, mettant dans la rue plusieurs milliers de Roumains opposés à la mine. « Le mouvement social le plus important des dernières années en Roumanie », selon les militants présents. La mobilisation a permis d’arrêter temporairement le projet, toujours en pause six mois plus tard. Ce n’est donc pas un hasard si le quatrième forum européen contre les grands projets inutiles et imposés y a élu villégiature pour son rendez-vous annuel, ce week-end : les activistes veulent y voir le symbole du succès de leur démarche collective – entamée en 2011 avec le premier forum dans la vallée de la Suze – tout en réaffirmant aux autorités la vigilance citoyenne à l’œuvre sur ce projet, comme sur les nombreux autres qui menacent les territoires européens.

Après le cadre minéral de la gare de Stuttgart l’an dernier, le FAUIMP (Forum Against Unnecessary Imposed Mega Projects) retrouve ainsi, comme à Notre-Dame-des-Landes en 2012, une dimension rurale. Les chapiteaux destinés aux conférences, les toilettes sèches et les tentes des quelques campeurs les moins frileux ont investi les pâturages. Mais la cohabitation est organisée : au-delà d’un fil, les humains laissent la prairie aux bovins.

Pour autant, les cent cinquante militants réunis pour l’occasion ne manquent pas d’espace. Aux côtés des nombreux Roumains présents sur place, on retrouve une majorité d’Allemands, de Français et d’Italiens qui représentent les grands collectifs fondateurs du Forum : l’Alliance Stuttgart 21, la coordination des collectifs d’opposants à Notre Dame des Landes et le mouvement des No Tav. Auxquels s’ajoutent plusieurs autres nationalités : des Anglais de l’association Stop HS2, des belges de l’association Catapa, des Catalans du Réseau pour la souveraineté énergétique, etc. D’essence européenne, le Forum n’a pas de frontières : Abdou a fait le déplacement depuis le Maroc pour venir partager l’expérience de la lutte contre le projet de ligne TGV Tanger-Casablanca.

Autant de nationalités que de thèmes différents abordés : à partir d’une définition restée très large – aujourd’hui adossée à la Charte de Tunis adoptée l’année dernière lors du Forum Social Mondial–, le concept de Grand Projet Inutile et Imposé permet d’aborder autant les questions d’infrastructures de transport que les grands projets énergétiques. Cette année, au regard du contexte local, une attention particulière sera accordée aux projets miniers, tandis que la lutte contre la fracturation hydraulique – et de manière plus générale, contre l’extractivisme – fait une entrée remarquée dans les grandes thématiques du Forum.

Une diversité de sujets qui est à l’image du joyeux melting-pot que donne à voir ce rassemblement : des jeunes et des (beaucoup) moins jeunes, des activistes libertaires et des employés associatifs, des militants de longue date ou des curieux encore en réflexion sur les maux du monde. Ainsi, Martin a volontairement fait un détour dans son voyage à vélo de cinq mois, depuis l’Ukraine jusqu’au Caucase. Il ne sait pas bien, au fond, ce qu’il est venu chercher ici : depuis qu’il a quitté son emploi chez Volvo dans l’Ain, il se pose beaucoup de questions…

L’événement a nécessité de longs mois d’organisation et exige une logistique importante, savamment orchestrée par le collectif Save Rosia Montana. Autour d’Elena, Sorana, Theodora, Marius, une quinzaine de volontaires assure l’intendance. La cuisine exige le plus de renfort : pendant ces quatre jours, de grandes marmites vont régaler les participants de plats exclusivement végétariens. Au menu : polenta et sa sauce champignon, salade de pommes de terre et ses quartiers de soja, soupe de haricots blanc, accompagnée au dîner d’une gorgée de palincă, l’eau de vie locale, pa inutile pour affronter le froid des nuits dans les Carpates.

Mais pour le reste, l’autogestion est le maître-mot. Chacun participe aux tâches communes, de la vaisselle à la vidange des sanitaires. A l’image de la pancarte au-dessus de la cantine, on fait confiance à la responsabilité et à la participation volontaire. La traduction instantanée, en plusieurs langues, est assurée efficacement par quelques interprètes bénévoles, qui permettent aux participants les moins polyglottes de ne rien manquer des débats… Sans grand moyen mais de la générosité, le Forum s’assure presque – les cravates en moins – le standing des négociations internationales !

Encore faut-il, le lendemain, retrouver le chemin, perdu dans la montagne. Pour ce faire, les organisateurs ont disposé quelques pancartes avec un « éléphant blanc », l’emblème du FAUIMP. Pourquoi, au fait, cet animal est-il devenu l’allégorie des grands projets dispendieux et inutiles dans le monde ? Sur le chemin du retour, Wolf, venu ici fédérer un réseau international de « mineurs écolo », nous raconte l’histoire : « Dans la mythologie hindoue, un éléphant blanc était un animal sacré qu’on s’offrait entre personnes fortunées. Voué au culte, l’éléphant blanc ne pouvait pas travailler, cela constituait un sacrilège. C’est ainsi qu’il a fini par ruiner plusieurs princes qui ont dû l’alimenter toute sa vie durant sans jamais en tirer quelconque bénéfice… ».

L’Europe ? Elle est à Rosia Montana… contre les grands projets inutiles (reporTerre, le 10.05.14)
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