Indre : le cri de détresse des acteurs de la culture (nr.fr, le 16.03.21)

Autour de la journaliste Charlotte Bonnet, les participants à l’émission : David Chanteranne, William Bensimhon, Jérôme Montchal, Cécile Loyer, Jean-Yves Patte. © Photo NR

Cinq acteurs de la culture ont fait part de la détresse du secteur, vendredi, lors de l’émission de RCF, « En scène », enregistrée à Équinoxe.

Ce vendredi, sur le plateau d’Équinoxe, le studio de RCF est installé pour l’enregistrement de l’émission mensuelle, En scène. Cinq invités (1) sont réunis autour de la journaliste Charlotte Bonnet pour débattre du thème : « En quoi la culture est-elle essentielle ? »
A quelques pas de là, dans le hall d’Équinoxe, les intermittents qui occupent le théâtre depuis quelques jours traduisent le ras-le-bol qui s’empare d’un secteur au bord de la crise de nerfs.
Une date pour la réouverture des salles « Le Conseil d’État a lui-même déclaré que la fermeture des théâtres portait une atteinte grave aux libertés fondamentales et qu’elle ne devait pas s’inscrire dans la durée, tempête Jérôme Montchal, directeur d’Équinoxe. Or, il y a sur le bureau de la ministre des propositions élaborées par les syndicats du secteur pour une réouverture prudente, mais on ne voit toujours pas de volonté de rouvrir ni même de nous donner une échéance. On nous jette des os à ronger ! »
Et ces os à ronger nuisent au moral des Français. Oui, la culture est essentielle affirment tour à tour les cinq invités. Pour Cécile Loyer, chorégraphe, « la question du lien social est aussi celle des corps qui ne se rassemblent plus, hormis dans les cercles privés, familial ou professionnel. Les gens ont besoin de se retrouver, sinon ils vont mal… »
Essentielle, la culture, et bien plus que ça, affirme l’historien et musicologue Jean-Yves Patte : « Pour moi, la culture, c’est la vie, le diamant de l’esprit humain. Sans pensées, sans idées, on n’est rien ! Sans culture, il n’y a pas d’ouverture d’esprit, de cohésion, de lien, d’avenir : c’est le trou noir… »
Ce précieux lien qui nous manque tant est vital. « Car il s’inscrit dans la transmission, estime l’historien David Chanteranne. Il faut transmettre la culture aux générations qui vont ouvrir l’avenir. C’est de la responsabilité de nos politiques, sinon, il faudra qu’ils assument dans quinze ans… »

Génération sacrifiée ? William Bensimhon n’est pas loin de le penser, lui qui a fait part du désarroi des conservatoires, à l’affût des décrets depuis le confinement. « Le numérique ? Il a son utilité, mais il ne transmettra jamais la vibration, l’écoute de l’autre, l’émotion collective… »

La colère et l’incompréhension ont traversé tous les échanges : de la dénonciation du deux poids, deux mesures – « Pourquoi la culture religieuse a-t-elle le droit de rouvrir ses lieux de cultes ? » – à celle de la primauté marchande : « Pourquoi les galeries d’art restent-elles ouvertes quand les musées sont fermés ? ». Une chose, pour l’heure, suffirait à leur bonheur : une date, une échéance. Un espoir.

L’émission sera diffusée jeudi 18 mars à 19 h 15 sur les ondes de la radio RCF en Berry (88.0 FM ; www.rcf.fr). (1) Les participants à l’émission : David Chanteranne, futur directeur du musée Bertrand, directeur du musée de Brienne-le-Château, rédacteur en chef de la Revue du Souvenir napoléonien ; William Bensimhon, directeur du conservatoire de Bourges (ancien directeur du conservatoire de Châteauroux) ; Jérôme Montchal, directeur d’Équinoxe ; Cécile Loyer, chorégraphe, directrice de La Pratique, à Vatan ; Jean-Yves Patte, historien d’art et musicologue.